Association des Travailleurs Maghrébins de France
10 rue Affre - 75018 Paris
01 42 55 91 82 national@atmf.org

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Solidarité avec les Réfugié-e-s à Calais

L’ATMF section du Bas Rhin et le Watch The Med Alarm-Phone organisent le 25 mars 2016, un convoi depuis Strasbourg pour apporter aux réfugiés des biens essentiels à leur survie.

 

Voici déjà pour les besoins actuels à Calais et à Dunkerque :

Alimentaire :

huile – riz – sucre – conserves de poisson (thon, sardines, maquereau) – paquets de biscuits – conserves (tomates, pois chiches, haricots) – thé et café – sel – conserves de fruits et légumes – légumes cubes de bouillon – lait UHT..

DIVERS :

Couvertures – sacs de couchage – tentes (3 places et plus) – bâches – tapis de camp – bois de chauffage – extincteurs – torches et lanternes solaires – Chaussettes et sous-vêtements – chapeaux, gants et foulards – parapluies

Produits hygiéniques :

déodorant – lingettes pour bébés – shampooing – crème à raser – mouchoirs – papier toilette

FEMMES :

Bottes / chaussures jusqu’au 39. Pas de talons ! Soutien-gorge (petite taille), manteaux et pantalons chauds et imperméables, hauts manches longues, pulls et sweats (S et M)

HOMMES :

Manteaux et pantalons chauds et imperméables (tailles S et M principalement), chaussures de marche imperméables (taille 42 et 43 principalement), tops à manches longues, pulls et sweats (S)

(Le stock concernant les vêtements hors mentionnés ci-dessus est suffisamment approvisionné, merci de ne pas en apporter)

 

L’argent collecté servira à acheter :

– Du matériel pour le camp : grandes tentes et bâches

– Des kits pour la construction d’un local de stockage dans le camp.

L’argent collecté ira entièrement aux migrants ! Les frais pour le ou les aller-retour(s) seront à notre charge.

 Opération Grande collecte pour les refugiées. A déposer au local de l’ATMF section du Bas Rhin

44 Rue de Schirmeck 67200 Strasbourg.

 

Les permanences :

  • Mardi : de 18h30 à 20h30
  • Dimanche : de 17h à19h

Votre soutien nous est essentiel.

N’hésitez pas à nous contacter soit :

Mehdi: 06 58 03 37 51 || Audré: 06 87 11 91 21 || MK: 06 18 58 82 38 || Hatem: 06 70 54 45 21

 

Mais surtout – Partagez, Aimez, Faites Suivre !

Événement sur Facebook : https://www.facebook.com/events/1543423502639610/

 

convoi 25 03 2016

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À Calais, l’État tombe le masque

La destruction de la « jungle » de Calais a brutalement commencé ce lundi 29 février au matin. Plusieurs compagnies de CRS ont investi les lieux, qui ont dévasté des cabanes encore occupées, lancé des grenades lacrymogènes et usé de canons à eau contre des réfugiés grimpés sur les toits de leurs abris. Des centaines de personnes ont été jetées dans un froid glacial sans rien d’autre que les vêtements qu’elles portent sur elles, sans savoir où aller… Faut-il s’en étonner ?

Les pouvoirs publics ont écarté tout témoin : les soutiens des réfugiés ont été interdits d’entrée dans le périmètre de l’opération. Le ministre de l’Intérieur n’a cessé de le proclamer ces jours derniers : certes, il entendait mener à bonne fin ce qu’il appelle « la résorption » du camp de Calais ; mais il voulait le faire « de façon progressive » et « dans le respect des personnes » [voir entre autres son discours du 22 février au Mans]. Et c’est bien en se référant expressément à cet engagement de l’État à procéder à une évacuation progressive que le Tribunal administratif de Lille a validé l’arrêté d’expulsion de la jungle de Calais (25 février 2016, ordonnance n° 1601386).

Force est de constater que le « démantèlement » qui vient de commencer n’a rien de progressif ou d’humanitaire, et qu’il ne prend pas en compte la situation des personnes : les choses se déroulent comme s’il s’agissait de punir quiconque s’obstine à vouloir se rendre en Grande-Bretagne.

Rappelons qu’un quart des habitants de la jungle de Calais aurait des proches outre-Manche ; ils seraient donc parfaitement fondés à demander à les rejoindre… Mais de même que la Turquie est priée de faire le garde-frontière de l’Union européenne, la France se charge de « protéger » la Grande-Bretagne, à grand renfort de moyens policiers quasi militaires, contre les migrants que celle-ci refuse d’accueillir. La première a-t-elle voulu donner des gages à la seconde, en perspective du sommet franco-britannique qui aura lieu ce 3 mars ?

Quant aux autres, leur méfiance face aux « solutions » alternatives qui leur ont été présentées ne peut qu’être confortée par la violence mise en œuvre pour les chasser. « Les services de l’État se mobilisent sans relâche pour permettre à tous ceux qui le veulent de pouvoir quitter la lande », déclarait vendredi la ministre du Logement.

Aujourd’hui, les masques tombent. Nous n’aurons plus d’excuses pour ne pas voir ce qui se passe sous nos yeux. Dans un État de droit, l’État n’a pas tous les droits. La justice n’a pas délivré au gouvernement un permis de chasse contre les réfugiés. Partout, des voix se sont élevées pour exiger que s’organise l’accueil des personnes chassées de leurs pays en guerre ou dévastés. Ces voix ne vont pas se taire. Il faudra bien qu’on les entende. Rappelons-le : l’asile est un droit ; la répression des réfugiés est donc un déni de démocratie.

Le 1er mars 2016

Signataires (parmi ceux de l’appel Calais : Les bulldozers ne font pas une politique !)

  • Karen Akoka, maître de conférence en science politique, Université Paris Ouest Nanterre
  • Jean-Pierre Anselme, journaliste
  • Maïtena Armagnague-Roucher, Maître de Conférences en Sociologie à INS HEA/Université Paris Lumières (UPL), Chercheure au GRHAPES, associée au Centre Emile Durkheim
  • Laurent Aucher, sociologue
  • Lucie Bacon, doctorante à Migrinter (Université de Poitiers, France)
  • Marie-Laure Basilien-Gainche, membre de l’Institut Universitaire de France, professeure de droit public, Université Jean Moulin, Lyon 3
  • Christophe Blanckaert, Appel de Calais
  • Carolina S. Boe, docteure en anthropologie, Université d’Aalborg, Danemark
  • Atika Bourras, bénévole à L’Ecole laïque du chemin des dunes
  • Florence Boyer, chercheure, IRD
  • Gérard Bras, philosophe, président de l’UP 92
  • Claude Calame, Directeur d’études Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Centre AnHiMA (Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques, UMR 8210)
  • Nicole Caligaris, écrivain
  • Marie-Claire Caloz-Tschopp, Collège International de Philosophie et Solidarité sans Frontières
  • Cécile Canut, professeure des universités, Université Paris-Descartes-Sorbonne
  • Makaremi Chowra, chargée de recherche, CNRS
  • Olivier Clochard, géographe, Migrinter (université de Poitiers ,cnrs), membre de Migreurop
  • Saskia Cousin, anthropologue, maitresse de conférence à l’Université Paris Descartes, CANTHEL, membre de l’Institut Universitaire de France
  • Marie Cosnay, écrivain, enseignante
  • Patrice Coulon, militant associatif droits de l’Homme
  • Chantal Crenn, anthropologue Bordeaux Montaigne
  • Laurence Croix, psychanalyste, Maitre de conférences à Paris Ouest-Nanterre
  • Marie Cuillerai, professeur des Universités, Paris 7-Diderot
  • Fathallah Daghmi, enseignant chercheur, Université de Poitiers
  • Dominique Dauchot, secrétaire départementale du SNUipp-FSU 62
  • Fred Decosse, sociologue, LEST-CNRS
  • Didier Devriese, Conservateur des Archives, du Patrimoine et de la Réserve précieuse
  • Guadalupe Deza Doctorante en philosophie Paris8-UBA-CONICET
  • Stéphane Douailler, professeur de philosophie, université Paris 8
  • Isabelle Dubost, anthropologue, Université des Antilles
  • Karine Espineira, Sciences de l’information et de communication, Paris 8, codirectrice de la revue en ligne l’Observatoire des transidentités (ODT)
  • Mireille Fanon-Mendes-France, experte ONU
  • Pierre Farge, avocat
  • Hicham Fassi-Fihri; producteur de films
  • Éric Fassin, professeur de science politique à l’université Paris VIII – Saint-Denis- Vincennes
  • Jean-Pierre Fournier, enseignant
  • Nadine Fresco, historienne
  • Alexandra Galitzine-Loumpet, anthropologue, responsable programme Non-lieux de l’exil / Non places of Exile
  • Nathalie Garraud, metteur en scène, compagnie du Zieu
  • François Gemenne, chercheur en science politique, Science Po, Université de Liège
  • Claudia Girola, enseignant chercheur, Universite Paris Diderot
  • Anne Gorouben, artiste auteur
  • Nacira Guénif, professeure, Université Paris 8
  • Serge Guichard, membre du réseau Reprenons l’initiative
  • Sandra Iché, chorégraphe
  • Léa Kalaora, anthropologue, étudiante en psychologie, Paris Diderot
  • Marie Kayser, médecin généraliste
  • Gaelle Krikorian, sociologue
  • Malak Laghrari Zoukari, étudiante (Sciences Po Paris)
  • Titouan Lamazou, artiste de l¹UNESCO pour la Paix
  • Annie Lahmer, conseillère régionale IDF EELV
  • Nicole Lapierre, directrice de recherche émérite au CNRS
  • Catherine Larat, retraitée
  • Pierre Laurent, secrétaire national du PCF
  • Martine Leibovici, Université Paris Diderot
  • Danièle Lochak, juriste, professeure émérite de l’Université Paris Ouest – Nanterre
  • Camille Louis, dramaturge, doctorante et enseignante en Philosophie à l’Université Paris 8
  • Géraldine Magnan, journaliste
  • Geoffroy Mannet, doctorant en philosophie à Paris 8
  • Joëlle Martin, artiste sculpteur
  • Françoise Martres, ancienne présidente du Syndicat de la magistrature
  • Claire Maury-Rouan, linguiste, universitaire retraitée
  • Marie Menant, architecte-chercheuse, membre du PEROU
  • Jean-Claude Meyer, agrégé de philosophie, Strasbourg
  • Juliette Mézenc, écrivain
  • Christophe Mileschi, professeur des universités, traducteur, écrivain
  • Isabelle Misslin Lemann, membre du Collectif de soutien aux Roumains d’Ivry
  • Alain Morice, laboratoire Urmis et réseau Migreurop
  • Christelle Morvan, artiste peintre
  • Laurent Mucchielli, sociologue
  • Véronique Nahoum-Grappe, chercheure en sciences sociales, Paris
  • Toni Negri, philosophe
  • Arthur Nesnidal, rédacteur Siné Mensuel
  • Frédéric Neyrat, philosophe
  • Maryse Oudjaoudi, membre du Bureau Exécutif de EELV
  • Sylvie Paycha, Professeur des universités, Mathématiques, Clermont-Ferrand
  • Mireille Peloux, enseignante, RESF
  • Mélanie Pénicaud, doctorante en anthropologie, laboratoire Migrinter
  • Nathalie Péré-Marzano, Déléguée Générale d’Emmaüs International
  • Emmanuel Poilane, Directeur de la Fondation Danielle Mitterrand France Libertés
  • Eric Premel, artiste
  • Catherine Quiminal, professeure émérite Université Paris Diderot
  • Jacques Rancière, professeur émérite à l’Université Paris VIII
  • Matthieu Renault, enseignant-chercheur, Paris 8
  • Judith Revel, Professeure de Philosophie, université Paris Ouest Nanterre La Défense
  • Daniel Rondepierre, professeur retraité, porte-parole EELV Pays de Vichy
  • Jean Rousseau, Président d’Emmaüs International
  • Marcela Santander Corvalán, artiste chorégraphique
  • André Scala, enseignant de philosophie
  • Daisy Schmitt, programme Officer, Women’s Rights & Migrants’ Rights, chargée de programme droits des femmes/droits des personnes migrantes
  • Vicky Skoumbi, rédactrice en chef de la revue grecque αληthεια
  • Serge Slama, maitre de conférences en droit public, Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense, CREDOF
  • Roger Taillade, président association pour la promotion de l’art contemporain populaire
  • Étienne Tassin, agrégé, docteur en philosophie, titulaire d’une habilitation à diriger des recherches en lettres et sciences humaines
  • Maud-Yeuse Thomas, sociologue, Paris 8, codirectrice de la revue en ligne l’Observatoire des transidentités (ODT)
  • Sophie Thonon-Wesfreid, présidente déléguée de France Amérique Latine
  • Jeannette Vallance, RESF 54
  • Dimitris Vergetis, psychanalyste
  • Patrice Vermeren, directeur du département philosophie, Université Paris 8
  • Christiane Vollaire, philosophe
  • Christine Wolff-awadalla, documentaliste
  • Ghislaine Zaparty, co- secrétaire générale CGT Edu’Action 66 et membre de la CE nationale CGT Educ’Action

Les organisations :

  • Actes et Cités
  • ActionFroid-Calais (Paris)
  • Action Tunisienne
  • Auberge des migrants (Calais)
  • Association Démocratique des Tunisiens en France (ADTF)
  • Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF)
  • Barcelona Accion Solidaria
  • Care4Calais
  • La Cimade Régionale Nord Picardie
  • Coalition Internationale des Sans-Papiers et Migrants (CISPM)
  • Collectif de soutien de l’EHESS aux sans papiers et aux migrants
  • Collectif de soutien aux familles Roms de St Denis (CSFR)
  • Collectif des sans-papiers – Paris (CSP75)
  • Comede (Comité pour la santé des exilés)
  • Conseil d’urgence citoyenne
  • CRID (Centre de Recherche et d’Information pour le Développement)
  • DIEL (Droits Ici et Là-bas)
  • Ecole laïque du Chemin des Dunes
  • Emmaüs Europe
  • Emmaüs France
  • Emmaüs International
  • EuroMed Rights
  • Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH)
  • Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR)
  • Flandre Terre Solidaire
  • Foi & Justice Afrique Europe
  • Fondation Frantz Fanon
  • France Amérique Latine (FAL)
  • Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires
  • Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s (Gisti)
  • Jesuit refugee service (JRS) France
  • LDH Fontainebleau 77
  • Mouvement Burkinabe des Droits de l’Homme et des Peuples – Comité régional Aquitaine
  • Mouvement Burkinabe des Droits de l’Homme et des Peuples – section de France
  • Mouvement pour la dignité et les droits des Maliens (MDDM)
  • Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP)
  • Organisation pour une Citoyenneté Universelle (OCU)
  • Polyvalence (Calais)
  • Reprenons l’initiative contre les politiques de racialisation
  • Réseau Éducation sans frontières (RESF)
  • Réseau Euromed France (REF)
  • Revue Pratiques
  • Revue Vacarme
  • Solidarité Laïque
  • Syndicat de la Médecine Générale
  • Tenons et mortaises
  • Union syndicale Solidaires01

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Calais : Les bulldozers ne font pas une politique !

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Une fois de plus, l’unique réponse qu’envisagent les pouvoirs publics face à la situation dans le Calaisis, c’est l’évacuation d’un camp de réfugiés, et leur dispersion. On feint de s’attaquer aux causes réelles du problème ; mais en réalité, en s’en prenant aux victimes condamnées à se disperser dans la peur, cette politique ne fait que le déplacer et l’aggraver. Cette « solution » n’en est pas une.

Aux huit organisations qui ont adressé une lettre ouverte à Bernard Cazeneuve pour lui demander de surseoir à l’évacuation programmée d’une grande partie de la « jungle » de Calais, le ministre de l’Intérieur vient d’adresser une réponse qui est une fin de non-recevoir : il justifie sa décision à coups de propos incantatoires sur le respect des droits fondamentaux des migrants et le bien-fondé de politiques qui ne varient pas depuis des années, malgré leur échec évident ; et il rappelle aux associations leur « partenariat » avec l’État comme pour les impliquer dans la politique qu’elles contestent. Dans la foulée, la préfecture du Pas-de-Calais vient de publier un arrêté ordonnant aux occupants de la zone sud du bidonville, dite « la Lande », de quitter les lieux mardi 23 février au plus tard.

Les bulldozers ne peuvent pas tenir lieu de politique. Cela n’implique évidemment pas de nous accommoder d’une « jungle » dont le nom dit tout. Personne ne saurait accepter le maintien en l’état du bidonville de Calais, pas plus que du camp de Grande-Synthe, ni d’aucun autre. Personne ne peut se satisfaire de voir des réfugiés contraints de survivre dans de tels lieux.

Depuis des années, nous ne cessons d’ailleurs de dénoncer l’indignité de ces conditions de vie, comme l’a fait également Jacques Toubon, le Défenseur des droits, l’été dernier. Plus récemment, le tribunal administratif de Lille a même condamné l’État à procéder en urgence à des améliorations, décision confirmée par le Conseil d’État.

Pour autant, il n’est pas question non plus de cautionner l’évacuation annoncée, non seulement parce qu’elle est inhumaine, mais aussi parce qu’elle ne résoudra rien. Chasser les habitants d’une large partie du bidonville, y faire passer des bulldozers et détruire tout ce qui, dans la précarité et avec les moyens du bord, a été construit au fil des mois : à quoi bon ?

Les migrants qui se trouvent dans le Calaisis veulent souvent rejoindre des proches en Grande-Bretagne. D’autres seraient en droit de demander l’asile en France mais ils ne le savent pas toujours, ou bien ils se méfient de l’accueil qui leur serait réservé. D’autres encore attendent une réponse à leur demande. Parmi eux, il y a beaucoup d’enfants… Or pour plusieurs catégories de migrants, il existe des solutions inscrites dans les textes, avec des dispositifs, des acteurs, des fonds alloués à cet effet. Elles auraient pu être mises en œuvre depuis longtemps déjà.

Au lieu de s’y atteler, les pouvoirs publics ont préféré procéder à des « démantèlements » successifs. En  2015, ils ont contraint les migrants ainsi délogés à s’installer dans une zone « aménagée » pour eux. Bref, ils ont déjà défait ce qui se faisait, forçant ceux qu’ils chassaient à vivre dans une précarité plus grande encore.

Aujourd’hui, la partie principale du bidonville d’État de Calais est constituée de tentes et d’abris sommaires, bâtis par les réfugiés avec des bénévoles de différentes associations. Dans ces quelques kilomètres carrés sont nés peu à peu des cafés ou des restaurants de fortune, de minuscules épiceries, des lieux de culte de différentes religions, de toutes petites écoles, un théâtre sous chapiteau, une cabane d’aide juridique, plusieurs endroits dévolus à des soins, etc. Autant d’espaces de vie sociale, partagés par les réfugiés des différentes nationalités présentes dans le bidonville.

Qu’est-ce qui justifie de raser tout cela ? Le ministre veut convaincre que c’est pour le bien des occupants. En réalité, c’est une politique de dissuasion : rendre la vie invivable aux réfugiés. À ceux qu’ils ont hier installés dans cette zone, les pouvoirs publics enjoignent depuis des semaines d’occuper des conteneurs – sortes d’Algecos – ou sinon d’être dispersés loin de Calais, dans des CAO (centres d’accueil et d’orientation), baptisés « lieux de répit ».

Or c’est une alternative impossible.

Le ministre vante les mérites des conteneurs, qui sous sa plume semblent des bungalows pour vacanciers. Le fait est qu’il s’agit de cabanes de chantier, avec dans chacune des lits superposés pour douze personnes, où l’on ne peut qu’être debout ou couché ; toute installation de mobilier y est interdite, toute intimité impossible…

Concernant les CAO, le ministre se félicite de ce qu’ils permettraient aux migrants, grâce à « un accompagnement associatif de qualité » et à « un suivi particulier » des personnes, de déposer des demandes d’asile dans de bonnes conditions, ce qui n’était pas le cas dans le bidonville. « Au dernier recensement », écrit-il, « 80 % des migrants encore présents en CAO étaient engagés dans une démarche d’asile »… Il oublie de parler de ceux qui, mis en hôtel, sont privés de tout accompagnement et risquent une prochaine expulsion du territoire. Il oublie aussi de préciser que les CAO ont été conçus comme des solutions à très court terme ; après leur fermeture, qu’adviendra-t-il des personnes qui y auront été envoyées ?

Conteneurs, CAO ; expulsion, dispersion ; ces réponses ne feront qu’aggraver le sort des migrants sans régler pour autant le problème auquel est confrontée la région du Calaisis, pas plus qu’en son temps la fermeture du camp de Sangatte. Et dans un an, on nous rejouera la même scène. Car c’est avant tout l’inaction des pouvoirs publics, mais aussi leur action, qui, en créant des conditions de vie impossibles, rend la situation ingérable. L’État veut nous faire croire qu’il prend le parti des habitants contre les réfugiés ; en réalité, il monte les premiers contre les seconds en abandonnant les uns et les autres.

Il faut cesser de chasser de jungle en bidonville toute la misère du monde, persécution qui ne fait qu’exaspérer le ressentiment des « riverains ». Non, le malheur des migrants ne fera pas le bonheur des Français, pas plus à Calais qu’ailleurs. En réalité, laisser se dégrader la situation est plus pénible pour les populations du Calaisis, et plus coûteux aussi pour les pouvoirs publics, que s’employer à l’améliorer. L’humanité la plus élémentaire nous interdit ces destructions à répétition ; mais notre intérêt bien compris aussi.

Ce pays peut-il se satisfaire de devenir le champion du non-accueil, alors que les réfugiés y sont moins nombreux qu’ailleurs ? Ce que d’autres pays font déjà, la France doit pouvoir le faire. La Grande-Bretagne, qui porte une lourde responsabilité dans cette situation, doit elle aussi revoir sa position à cette frontière. Il faut en finir avec l’improvisation perpétuelle ; il est temps de penser dans la durée. Et si l’État ne fait pas son travail, nous allons y travailler nous-mêmes – avec les associations sur le terrain, avec les habitants du Calaisis et avec les réfugiés.

Les jours prochains, nous irons à Calais pour le clamer haut et fort : nous ne sommes pas condamnés à choisir entre la « jungle » et sa destruction. Nous refusons de réduire la France à des barbelés et des bulldozers. Nous tiendrons une conférence de presse. Nous voulons faire entendre un autre discours que celui des pouvoirs publics qui occupent les médias. Détruire, dit la Préfète ? Avec, sans ou contre l’État si nécessaire, il faudra pourtant bien construire un avenir.

Une fois de plus, nous, organisations signataires et personnes solidaires, demandons :

– que soit annulé l’arrêté d’expulsion pris le 19 février ;
– en urgence : une prise en charge individuelle respectueuse des droits fondamentaux des personnes actuellement présentes à Calais ;
– une discussion du règlement Dublin III et des Accords du Touquet ;
– plus largement, que la France s’engage enfin, en particulier en faisant la promotion de cet axe au sein de l’Union européenne, pour une véritable politique d’accueil des personnes migrantes.

20 février 2016

Personnalités

Laurence Abeille, députée du Val de Marne
Michel Agier
Carlos Agudelo, chercheur associé, URMIS (Unité de Recherche Migrations et Société)
Philippe Aigrain, essayiste et poète
Claire Angelini
Daniele Auroi, députée EELV du Puy de Dôme
Chryssanthi Avlami, historienne, Université Panteion des sciences politiques et sociales, Athènes
Eduardo Ayres Tomaz, doctorant, philosophie politique
Etienne Balibar, professeur émérite, Université de Paris-Ouest Nanterre
Julien Bayou, porte parole national EELV
Sophie  Bessis, historienne
Emmanuel Blanchard, président de Migreurop
Mathieu Bouvier, artiste chercheur
Claude Calame, directeur d’études, EHESS
Laurent Cantet, cinéaste
Monique Chemillier-Gendreau, professeur émérite à l’université Paris Diderot
Catherine Coquio, littérature, professeur à l’université Paris Diderot
Philippe Corcuff, maître de conférences de science politique à l’IEP de Lyon
David Cormand, Secrétaire national de EELV
Alexis Cukier, philosophe, Fondation Copernic
Didier Daeninckx, écrivain
Sonia Dayan-Herzbrun, sociologue, professeure émérite à l’université Paris-Diderot
Karima Delli, eurodéputée Europe Écologie du nord
Fabrice Dhume, sociologue, enseignant-chercheur à l’université Paris Diderot
Philippe Enclos, maître de conférences en droit privé, Lille
Kévin Eybert, doctorant en sociologie, université Paris Diderot
Mireille Fanon-Mendes-France, experte ONU
Éric Fassin, sociologue, professeur à l’Université Paris-8
Didier Fassin, professeur, Institut d’étude avancée de Princeton
Nathalie Ferré, professeure de droit, Paris 13
Claudia Girola, maitre de conférence de sociologie et anthropologie
Serge Guichard, membre du réseau Reprenons l’initiative
Jean Waddimir Gustinvil, docteur en philosophie, enseignant-chercheur à l’ENS de l’Université d’État d’Haïti
Michael Hoare, Copaf
Sandra Iché, chorégraphe
Maria Kakogianni, Université Paris 8
Jérôme Karsenti, avocat
Ariane Labed, actrice
Éric Lecerf, maître de conférences, département de philosophie, Université Paris 8
Danièle Lochak, juriste, professeur émérite de l’Université Paris-Ouest Nanterre
Camille Louis, philosophe, artiste-dramaturge co créatrice du collectif kom.post
Elise Lowy, Secrétaire Nationale Adjointe d’EELV
Michael Lowy, chercheur émerite au CNRS
Sarah Mailleux Sant’Ana, doctorante, Université Paris Diderot- Paris 7
Noël Mamère, deputé écologiste
Stéphane Maugendre, avocat, président du Gisti
Niccolo Milanese, Chair, European Alternatives
Muriel Montagut, chercheure associée, Laboratoire de Changement Social et Politique (Paris Diderot)
Alain Morice, laboratoire Urmis et réseau Migreurop
Jean-Luc Nancy, philosophe
Frédéric Neyrat, philosophe
Gérard Noiriel, directeur d’études à l’EHESS
Bertrand Ogilvie, professeur de philosophie Université de Paris 8
Willy Pelletier, sociologue, université de Picardie, coordinateur général de la Fondation Copernic
Geneviève Petauton, Copaf
Catherine Quiminal, professeure émérite URMIS, université Paris Diderot
Sandrine Rousseau, Porte Parole d’EELV, Lille
Paul Schor, americaniste, professeur à l’Université Paris-Diderot
Elsa Stamatopoulou, Director, Columbia University, New-York
Laurent de Sutter, professeur de droit
Étienne Tassin, philosophe, professeur à l’université Paris Diderot
André Tosel, professeur émerite de Philosophie, Université de Nice
Maryse Tripier, sociologue
Eleni Varikas, professeure émérite
Sophie Wahnich, directrice de recherche

Organisations

ActionFroid-Calais (Paris)
Alternatives Européennes
Association des Marocains en France (AMF)
Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF)
Auberge des migrants (Calais)
Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (Cedetim)
La Cimade régionale Nord Picardie
Comité médical pour les exilés (Comede)
Collectif de sans-papiers CSP 75
Collectif de soutien de l’EHESS aux sans papiers et aux migrant-es
Collectif pour l’avenir des foyers (Copaf)
Collectif R, Lausanne, Suisse
Conseil d’urgence citoyenne
Droits devant
Ecole Laïque du Chemin des Dunes (Calais)
Emmaüs France
Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR)
Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS)
Fondation Frantz Fanon
France Libertés
Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s (Gisti)
Initiatives pour un autre monde (Ipam)
Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Mouvement Burkinabe des Droits de l’Homme et des Peuples (Comité Régional Aquitaine)
Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP)
Observatoire citoyen du CRA de Palaiseau
Revue Pratiques
Réseau Éducation sans frontières (RESF)
Réseau Euromed France (REF)
Réseau Immigration Développement Démocratie (IDD)
Le Réveil voyageur (Calais)
Solidarité Laïque
Syndicat de la médecine générale (SMG)
Tenons et mortaises
Terre d’errance (Pas-de-Calais)
Union syndicale Solidaires
Utopia 56

 

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© Emmanuel Sérazin – Radio France – 28 mail 2014 à Calais

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Liberté de circulation !

arton4411Libération immédiate et retrait de toute charge (pour) contre les manifestantEs arrêtéEs à Calais !

Le samedi 23 janvier 3000 migrants, réfugiés de la jungle, réfugiés et sans-papiers de Paris, de Marseille, de Lille et d’ailleurs, membres de mouvements de solidarité de Calais et sa région et d’autres villes, militantEs venus d’Angleterre, de Belgique et d’Allemagne ont manifesté à Calais. C’est la plus grosse mobilisation sur ce sujet ayant eu lieu à Calais. Au même moment des manifestations du même type ont eu lieu à Evros à la frontière entre la Grèce et la Turquie et à Lampedusa.
Malgré quelques provocations, très peu nombreuses, de l’extrême-droite, la manifestation a eu le visage de la détermination et de la solidarité.
La confiance transmise par cette magnifique manifestation a amené des centaines de migrants à décider d’obtenir ce qu’ils revendiquent légitimement, leur liberté de circulation. Après la fin de la manifestation, débordant les forces de police ils ont manifesté jusqu’au port pour tenter d’embarquer sur un bateau. Plusieurs dizaines ont même réussi à entrer sur un ferry à quai.
Suite à cette action, six migrants sont actuellement en prison et deux militants avec papiers sont sous contrôle judiciaire. Ils passeront en procès le lundi 22 février au tribunal de Boulogne sur Mer.
La manifestation a été la démonstration que la solidarité est un projet de société qui a bien plus d’avenir que les politiques menées actuellement, qui font de Calais une ville sinistrée et barbelée.
Nous exigeons donc la libération immédiate de touTEs les manifestantEs arrêtéEs quels que soient leur statut ou leur nationalité et le retrait de toutes les charges.

NOUS APPELONS À UNE MANIFESTATION 

DE SOLIDARITÉ AVEC LES INCULPÉS
L E S A M E D I 2 0 F É V R I E R 2016 À 1 8 H

DÉPART DE MÉNILMONTANT (POUR ALLER VERS LA GARE DU NORD)

Contact  : Calais23janvier@gmail.com

Premiers signataires :ATMF, CISPM, Collectif Paris 20ème Solidaire, CSP 75, Droits Devant !!!, Écologie sociale, Mouvement Utopia, NPA, Sans-Voix Paris 18ème, Sortir du Colonialisme, SUD Culture Solidaires, UJFP, Union Locale Solidaires des 5e -13e arrondissements de Paris et d’Ivry…

 

Tract-manif-inculp-calais-20fev16_V1