L’arrestation du journaliste d’investigation marocain Omar RADI : un viol caractérisé de la liberté d’expression – Une réhabilitation de l’arbitraire et de la démesure du pouvoir répressif
« Il n’y a pas de plus atroce tyrannie que celle qui s’exerce sous l’ombre de la loi et les couleurs de la justice. »
Montesquieu
Si la stratégie répressive au Maroc, n’est plus massivement structurée autour du système clandestin de détention et de disparition de personnes caractérisant les années de plomb sous Hassan II, le « nouveau » Maroc, après avoir épuisé ses campagnes de propagande autour d’une « démocratie » retrouvée, marque son recours à un durcissement répressif spectaculaire s’inscrivant dans une continuité de l’histoire d’un pouvoir autoritaire : poursuites judiciaires, emprisonnements de journalistes indépendants, lois liberticides, médias en ligne censurés, cyber-harcèlement, inculpations d’artistes et de citoyens sur la base d’accusations fallacieuses…
Aussi, la seule réponse à toute expression critique ou revendicative populaire est la coercition. Le mouvement du Hirak dans les différentes régions du Maroc en a en a été l’illustration la plus large. Omar a payé le prix de sa dénonciation des lourdes peines prononcées à l’encontre de ses militants emprisonnés, en étant condamné lui-même à 4 mois de prison avec sursis. C’est le début du long processus d’harcèlement qui l’a visé : 12 convocations par la police, des interrogatoires de 6h à 9h par jour, une campagne de diffamation, une mise sous surveillance de son téléphone par un logiciel espion, puis son arrestation le 29 juillet 2020 et sa détention en attente d’un procès le 22 septembre.
Le cas d’Omar RADI, est révélateur de tout un système et un nouvel ancien type d’intervention. C’est une justice instrumentalisée par le pouvoir à des fins politiques, pour défendre ses intérêts et réprimer toute forme d’opposition. Quant aux motifs évoqués pour sa mise en examen, ils ne peuvent convaincre de leur authenticité. Ils sont aussi vieux que la répression. Ils sont communs à toutes les dérives autoritaristes dans le monde.
Quiconque se permet de juger ou de critiquer l’action de ces pouvoirs, est accusé de faire le jeu de la « main étrangère » et de servir les intérêts de ceux qui « complotent » contre la sûreté intérieure et extérieure de l’état. Les accusations d’attentat à la pudeur, de viol et de violence viennent pour discréditer l’action et l’engagement courageux d’une voix libre et digne, celle d’un journaliste d’investigation critique et d’un défenseur des droits humains, Omar.
Nous exprimons notre totale solidarité avec Omar RADI ainsi que toutes les victimes de la répression au Maroc.
Nous exigeons leur libération immédiate et inconditionnelle.
Nous revendiquons la sanction du viol de leurs droits à la liberté d’expression et d’opinion.
Paris, le 30 juillet 2020
ATMF