Migrants de la Chapelle
Depuis l’été 2014, un campement au coeur de Paris s’est progressivement mis en place, habité par des migrants – essentiellement soudanais et érythréens – sous la station de métro La Chapelle (18e).
Parmi eux, des profils très divers : famille ou personnes seules, personnes en transit ou demandeurs d’asile…
Le campement était installé depuis de longs mois, mais ce n’est que le 2 juin que nos politiques ont décidé de se saisir du problème… à leur manière !
En effet, le campement a été évacué (avec, au passage, beaucoup de destructions et de pertes de biens) mais les autorités avaient soit-disant trouvé des solutions pour reloger les expulsés (environ 450 personnes)
Ce n’est évidemment pas ce qui est arrivé. Les personnes les plus vulnérables ont été envoyés dans des hébergements de court terme, tandis que les autres se sont retrouvés à la rue.
Une partie d’entre eux (100/150) se sont installés dans le square vers l’Eglise Saint Bernard. Mais le vendredi 5, nouvelle expulsion : les forces de police ont bouclé tout le monde dans le square, avant de les évacuer… vers le métro le plus proche, afin de les mettre dans des rames différentes afin de les disperser ! Malgré les protestations, cette action mal coordonnée et injustifiable, uniquement destinée à les effrayer et les éparpiller, a bien eu lieu, sous nos yeux ébahis et notre incompréhension totale. Inutile de préciser qu’au bout de quelques minutes, la plupart d’entre eux étaient déjà revenus !
Par la suite, beaucoup se sont réfugiés à proximité de la Halle Pajol (toujours dans le 18e). Mais alors qu’une association avait mis en place un stand pour distribuer des repas, les CRS sont intervenus afin de les embarquer dans des cars, sans préciser bien sûr la destination de ces derniers. Grâce à un excellent réseau d’alerte, nous nous sommes retrouvés aux côtés de nombreux militants et riverains, ainsi que des élus, afin de former deux chaînes humaines pour de les protéger. Mais malgré nos tentatives de négociations, cette tentative a été un échec. Les CRS ont chargé brutalement à plusieurs reprises, pour attraper les migrants un à un, avant de les malmener et les traîner jusqu’au car. Finalement, c’est en balançant des coups et en utilisant des gaz lacrymogènes qu’ils ont réussi à embarquer les derniers. Effrayés, les 80 migrants présents ont été embarqués au commissariat de police. Une quarantaine d’entre eux ont été placés dans des centres de rétention à proximité de Paris.
Face à cette violence choquante et totalement injustifiée, le Défenseur des Droits a été saisi.
Un salarié de l’ATMF sera d’ailleurs entendu dans ce dossier, puisqu’il a été témoin de multiples violences et a lui même été frappé au visage par les CRS.
Par la suite, une grande manifestation de protestation a eu lieu dans le quartier, afin de faire cesser le harcèlement policier et trouver des solutions d »hébergement pérenne. Une association du quartier a entre temps gentiment mis à disposition un jardin du quartier afin de les accueillir, sinon dans des conditions dignes, au moins dans un lieu sécurisé, à l’abri des violences policières.
Malheureusement, cette association n’a pas pu les héberger plus de deux nuits consécutives et ils ont été forcés de quitter le lieu. Encore une fois, leur sortie a provoqué un beau mouvement de solidarité, puisqu’une manifestation a eu lieu. Elle a terminé dans une caserne désaffectée où ils ont pu trouver refuge pour quelques heures. Après de nombreuses heures de négociations, ils ont finalement accepté de passer la nuit dans 4 lieux d’hébergement temporaires ouverts par la Ville de Paris.
Cette solution n’est évidemment que temporaire, d’où la colère de nombreuses associations face à cette proposition, allant à l’encontre des demandes des migrants (lieu d’accueil pérenne, proximité avec les associations leur fournissant nourriture, soutien moral, aide juridique, possibilité de rester ensemble car au fil des semaines, de nombreux liens se sont créés). Position que Mme Hidalgo, maire de Paris a par la suite qualifiée d’irresponsable !
Remis à la rue ou n’ayant tout simplement aucune proposition d’hébergement, nombreux sont ceux qui se sont retrouvés aux Jardins d’Eole (18e) où ils ont pu trouver une aide alimentaire et de l’aide pour construire des abris d’urgence. Semblant enfin prendre conscience de l’urgence de leur situation, la municipalité a ouvert des places dans des logements pour une durée indéterminée, avec un accueil jour et nuit et un accompagnement juridique. Une première victoire pour eux et tous ceux qui les soutenaient depuis des semaines.
Mais la mobilisation pour eux ne s’est pas terminée pour autant. Le samedi 20 juin, à l’occasion d’une grande manifestation contre l’austérité, en solidarité avec le peuple grec et les migrants, leur cause a à nouveau été défendue.
Malheureusement, encore une grande partie d’entre eux restent à la rue, et sont pour l’instant regroupés autour du métro La Chapelle ou la Halle Pajol. Une nouvelle mobilisation a eu lieu, avec l’occupation d’un gymnase pour réclamer d’avantage de places. Les conditions sont épouvantables : pas d’accès à des sanitaires, pas de possibilité de se laver à proximité, hébergement à même le sol sur des matelas donnés par les associations et habitants du quartier… Des repas sont distribués par des volontaires, grâce à des dons.
La mobilisation s’organise pour réclamer des hébergements, mais aussi subvenir à leurs besoins vitaux (matelas, vêtements, nourriture), mais aussi aux autres besoins essentiels pour eux : mise en place de cours de français, ainsi qu’accompagnement juridique. A cet effet, plusieurs associations (Gisti, la Cimade, Dom’Asile, Réseau Elena France) et l’ATMF ont mis en place une permanence deux fois par semaine, les mercredis et vendredis après-midi. Cette permanence est assurée par notre juriste et des avocats spécialisés de ces associations. Nous fournissons des informations sur le droit d’asile, ainsi que sur les procédures à effectuer, et une aide pour la préparation des dossiers et des entretiens. Ces permanences sont ouvertes à tout demandeur d’asile, sans rendez-vous.
Vous pouvez retrouver plus d’images et de détails sur la page Facebook de l’ATMF : https://www.facebook.com/ATMFnational?ref=aymt_homepage_panel