Synopsis : « Ali Ziri, un retraité de 69 ans, décède à l’hôpital suite à son interpellation par la police nationale. Le sexagénaire est peut-être victime d’une bavure policière. Un collectif de soutien à la famille est mis en place pour connaître la vérité et obtenir la justice sur cette affaire. C’est le combat du collectif « Vérité et justice pour Ali Ziri » que raconte ce livre. Inspirée d’un fait réel, l’histoire aborde la question des violences policières (…) »
Bonjour Haytam, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis un ouvrier en préretraite depuis 2012, par le biais du « décret amiante ». En effet, ce décret m’a permis, comme à de nombreux ouvriers de l’industrie et des chantiers navals, de bénéficier d’une cessation anticipée d’activité. Cela m’a permis également de bénéficier de temps libre pour m’engager dans des activités bénévoles à l’ATMF.
Justement, quand et comment as-tu découvert l’ATMF ?
Je suis devenu membre de l’ATMF quand je l’ai découverte, au moment des grandes mobilisations qu’elle avait organisées pour Gaza en 2010. D’abord simple sympathisant, je suis devenu militant en 2011. Désormais, je suis membre du Conseil d’administration et du Bureau de l’ATMf Argenteuil, et membre du Conseil d’administration de l’ATMF National. A Argenteuil, je m’occupe surtout de l’aide aux devoirs, ainsi que de la permanence sociale avec un autre bénévole.
Quand as-tu entendu parler pour la première fois de l’affaire Ali Ziri ?
Hélas, lors de son décès, je n’en avais pas entendu parler et je ne connaissais pas encore l’ATMF. C’est à partir de 2011 que j’ai commencé à bien suivre cette affaire. Comme l’ATMF Argenteuil a vraiment pris les choses en main pour créer le collectif « Vérité et Justice pour Ali Ziri », j’ai pu m’impliquer.
A partir de là, tu as eu envie de raconter cela dans un livre ?
La rédaction du livre a vraiment commencé il y a un an. Après le pourvoi en Cassation de cette affaire, qui était inespéré pour nous, un membre du comité a proposé que l’on trouve un moyen pour laisser une trace de tout ce que l’on avait fait. J’ai tout de suite pensé à l’idée d’écrire un roman, plutôt que de simples comptes-rendus de nos actions. J’ai d’abord rédigé un chapitre que j’ai montré aux trois membres du collectif qui s’étaient engagés avec moi dans cette tâche, pour qu’ils me donnent leur avis. Après leur validation, j’ai continué à écrire tous les chapitres.
Comment les membres du collectif ont-ils participé à ce travail ?
La rédaction était un travail « en solo », puisque pour des raisons de style, je trouvais plus judicieux qu’il n’y ait qu’un seul rédacteur. L’ATMF a fait un gros travail en m’ouvrant non seulement ses archives, mais aussi en m’aidant à trouver des informations sur le sujet. Je me suis beaucoup entretenu avec les membres du collectif, pour qu’ils me racontent toutes les étapes de cette longue bataille, notamment des anecdotes. J’ai aussi profité de documents inédits compilés par Pierre, un ancien militant du NPA, qui a effectué un véritable travail « d’écureuil « ! En effet, il a gardé tout ce qu’il avait sur le sujet chez lui : tracts, affiches, coupures de presse… Et enfin, étant moi-même impliqué dans cette longue bataille judiciaire depuis plusieurs années, j’ai ajouté au récit mes souvenirs personnels.
Quelle démarche as-tu suivie pour écrire ce livre ? Quelle était ta « philosophie » dans tes recherches et la rédaction de ce roman ?
Je voulais que ce roman aille au-delà du drame terrible vécu par les proches d’Ali Ziri. Ce livre parle de cela, bien sûr, mais aussi d’histoires d’hommes et de femmes qui se sont engagés pour la justice et la vérité. Ce livre constitue un hommage à toutes ces personnes – connues ou anonymes – qui se battent contre les violences policières.
De plus, j’ai tenté de replacer les circonstances de la mort d’Ali Ziri et de notre lutte dans un contexte bien particulier : depuis 2009, il y a eu de nombreuses échéances électorales, qui ont tourné autour des mêmes thématiques (immigration, islam, terrorisme, violences dans les cités…) avec des amalgames et un traitement qui n’a fait que créer un climat anxiogène. Aujourd’hui, les familles de religion musulmane, et plus particulièrement les mamans, ont peur et sont stigmatisées.
Finalement, ce roman est une dénonciation du racisme ambiant et de tout ce que l’on fait subir à une population dite « issue de l’immigration ».
Ton roman est préfacé par Monseigneur Jacques Gaillot. Qui est-ce ?
Monseigneur Gaillot est un religieux engagé dans plusieurs causes, notamment la défense des sans-papiers et des sans-logis, et la lutte contre les violences policières. Il s’est beaucoup investi dans la lutte pour la vérité sur la mort d’Ali Ziri, c’est d’ailleurs lui qui a dévoilé la plaque apposée à son nom à Argenteuil.
Sa position de « prêtre rebelle » lui a d’ailleurs valu une mise au placard par l’Eglise : il a été nommé évêque de Partenia. Si vous ne connaissez pas cet endroit, c’est normal ! Ce diocèse a disparu au Ve siècle et nul ne connaît sa localisation exacte… Cette mise au placard a eu lieu juste après son coup de gueule contre les lois sur l’immigration passée alors que Charles Pasqua était ministre de l’Intérieur. Officiellement, cette nomination dans un diocèse fantôme est due à son opposition à la doctrine de l’Eglise… Cet évêque est quelqu’un d’original, très humain et qui ne craint pas la vindicte de l’opinion. Il m’a non seulement fait le plaisir d’accepter de préfacer mon livre, mais je lui dois aussi l’idée de mettre des sous-titres à chaque chapitre. Il y en a un par exemple, que j’ai intitulé « une larme d’eau douce dans un océan salé ». Il est dédié à toutes les personnes, comme Fouzia et Liliane à Argenteuil, qui apportent un peu de douceur dans un monde de grande détresse.
Et pour finir, comment peut-on se procurer ton roman ?
Il est disponible sur le site de l’éditeur, Edilivre, et sera bientôt disponible sur les sites principaux des libraires en ligne : Fnac.com, Chapitre.com, Amazon…
La solution la moins onéreuse consiste à passer par l’ATMF Argenteuil pour bénéficier d’un prix (15 euros au lieu de 17,5).
La Colère interdite, Edilivre, Saint-Denis, 2015, 214 pages.
Propos recueillis par Alice Gagnant