SOUTIEN A LA CARAVANE DE SANS PAPIERS ET MIGRANTS POUR LEUR PARTICIPATION AU FSM TUNIS 2013
La CSP75 et la CISPM (Coalition internationale des Sans-papiers et Migrants) avec tous les mouvements et collectifs de Sans-papiers et Migrants d’Europe, ainsi que les associations de migrants subsahariens arrivés ou installés au Maghreb, veulent réaliser ensemble leur participation active au FSM (Forum Social Mondial) de Tunis, qui se tiendra du 26 au 30 mars 2013.
Pour cet évènement, une Caravane sera formée, qui partira le 19 mars d’Allemagne, à laquelle se joindront, au fur et à mesure de son passage, les diverses délégations, allemande, belge, française, suisse, italienne, espagnole, pour arriver à Tunis après la traversée en bateau depuis Gênes, de la Méditerranée.
Cette caravane sera composée de migrants, de sans-papiers vivants en Europe qui viendront témoigner de leurs conditions de migrants lors du FSM de Tunis, de représentants de l’Association Diel (Droits ici et Là-bas) qui accompagne dans ses luttes la CSP75, et de soutiens individuels.
L’ATMF apporte son soutien total à l’association DIEL, la CSP 75 et la CISPM pour ce projet, à savoir, l’organisation de la caravane, la venue de sans-papiers européens et maghrébins pour leur participation au FSM de Tunis et leur retour sans encombre dans leur pays de résidence.
Fabien Didier Yene, camerounais, est le porte-parole du CCSM, Collectif des communautés subsahariennes au Maroc. Il a été lui-même sans-papiers pendant huit ans dans ce pays, où il a été à l’origine du mouvement de protestation des migrants venus du désert, et où il a été à ce jour le seul « irrégulier » régularisé. Son cas eut le soutien des associations de la « société civile » marocaine, qui saisirent l’ambassade du Cameroun pour qu’elle demande officiellement sa régularisation. Depuis, Fabien s’est fait le propagandiste en Europe de la cause de ces migrants. Il a séjourné entre autres en Allemagne, où il a publié un livre (en français : Migrants au pied du mur, Atlantica-Seguiers, 2010) qui contient le récit de son périple africain à côté de ses camarades d’infortune. Il a établi sa résidence en France où il poursuit son œuvre notamment auprès des diasporas maghrébines.
Nous l’avons rencontré au cours d’une réunion au siège de l’ATMF (Association des travailleurs maghrébins de France), lors des récentes luttes des sans-papiers. Nous avons souhaité l’interviewer sur sa participation au forum de Tunis.
Oui, j’irai au forum pour y apporter la parole des sans-papiers qui sont au Maroc et qui ne pourront pas, hélas, venir eux-mêmes. Je compte le faire à côté des sans-papiers qui viendront de France, comme je le fais ici même, auprès des associations et collectifs maghrébins pour les sensibiliser aux conditions inhumaines de ces personnes dans leurs pays. La lutte des sans-papiers ne doit pas être pensée comme une lutte qui prend fin à des frontières, elle est transnationale et même supranationale, en la menant il faut ôter de sa tête ses propres frontières, de même que les ont laissées derrière eux physiquement les migrants.
Avant d’arriver au Maroc, beaucoup de migrants venant du centre et de l’ouest de l’Afrique (pour l’ouest, on estime leur nombre à 35% du total) traversent le désert, où plusieurs meurent. Au Maroc, ils espèrent rejoindre Ceuta ou Melilla, avant-postes européens en terre d’Afrique. L’impact avec la société marocaine est on ne peut plus dur dès l’entrée. Il y a tout un système de trafics, de « passeports » par exemple, pour traverser la frontière : ils passent de main en main contre de l’argent.
Un vampirisme social qui s’est développé pour sucer le sang de ces malheureux qui arrivent du désert. Puis il y a la loi sur l’immigration, qui est très répressive envers ceux qui sont suspectés d’aider un « irrégulier » à entrer dans le pays : ils risquent six mois de prison minimum, plus une lourde amende. De ce fait les gens ont peur des migrants, certains arrivent même à les dénoncer. Cette loi est attentatoire aux droits de l’homme, elle ne pousse pas seulement les gens à la méfiance, mais à une conduite raciste envers ceux qui viennent du sud du continent.
Pour traverser le Maroc du sud au nord, il faut la plupart du temps se cacher dans les forêts, comme des animaux. Traqués comme des bêtes. Les rafles sont très sauvages ; en Europe vous n’avez pas idée d’une rafle de la police marocaine. Puis, si tu es arrêté, alors le jeu de ping-pong commence : on est refoulé a la frontière (fermée) avec l’Algérie.
Tu n’as pas le choix, tu dois aller de l’autre côté. Tu traverses le no man’s land et les Algériens te repoussent, tu dois revenir d’où tu viens. Mais les Marocains ne veulent toujours pas de toi, et ça recommence… Cela finit normalement la nuit, car la nuit les sans-papiers cherchent à passer en courant, pendant que les gardes, d’un côté comme de l’autre, tirent en l’air. C’est un jeu cruel auquel ils se livrent, comme si ce n’étaient pas des êtres humains, mais des lapins qu’il est amusant de terroriser. Beaucoup s’affolent en effet, ils tombent en courant, ils se blessent, se cassent un pied, une jambe, se perdent dans le désert, où ils meurent… Des femmes se font violer… Toute la misère humaine causée à des humains par d’autres humains.
Il y en a tout de même qui arrivent à s’installer au Maroc. À trouver une femme, à s’« insérer ». Leur vie est la vie des sans-papiers de par le monde : surexploités dans les champs, les chantiers, les marchés, dans les travaux les plus durs. Les maisons leur sont louées très cher… enfin, tout le système d’exploitation sociale des plus défavorisés. Ceux qui arrivent malgré tout à Ceuta et à Melilla, se trouvent la route barrée par des grillages hauts de six mètres, avec quatre mètres de barbelés au devant. Impossible de passer. Sauf par des zones sans barbelés :
ce sont les zones de trafics. Des gens essaient, tous les jours, ils sont tous les jours repoussés, par les gardes espagnols, européens, notamment allemands. Mais parfois il arrive qu’on laisse passer, on ne sais pas pourquoi. D’autres cherchent à contourner les grillages à la nage, par la mer. Ceux qui ne se noient pas arrivent quelques fois à passer…
De la tribune du forum mondial, en dénonçant tout cela dans une des capitales du Maghreb, j’espère susciter un vif débat, d’où il sera clair qu’il ne peut pas y avoir deux poids, deux mesures : demander, pour ses ressortissants en Europe, ce qu’on nie chez soi aux sans-papiers d’autres pays. Les diasporas maghrébines conservent un poids plus qu’idéologique au Maghreb, elles doivent se positionner clairement, politiquement. Les sans-papiers subsahariens en ont assez de leur « solidarité » : des faits concrets dans les pays du Maghreb, voilà ce qu’ils veulent !
Les grévistes de Lille ne peuvent plus attendre.
C’est désormais une question de vie ou de mort pour les sans-papiers grévistes de la faim à Lille.
La préfecture de Lille et le ministre de l’intérieur ont attendu plus de deux mois pour reconnaître la situation des grévistes de la faim. Deux jours de plus pour accéder aux revendications des sans-papiers de Lille seraient deux jours de trop.
Alors que depuis une semaine les actions et mobilisations de soutien ont commencé à se multiplier sur tout le territoire, nous appelons à faire passer la mobilisation à un stade supérieur :
– Comme nous l’avons fait depuis une semaine nous appelons à nous rassembler tous les soirs à 18H00 devant le siège du PS à Paris (Métro Solferino) jusqu’à la régularisation des sans-papiers de Lille
– Nous appelons tous les collectifs de sans-papiers de France et tous leurs soutiens à organiser des actions en direction du PS, des préfectures et du gouvernement lundi, mardi et mercredi prochains.
– Dans ce cadre nous appelons à organiser dans la journée de mardi des rassemblements, même symboliques, devant toutes les préfectures de France, de Guyane, de Guadeloupe, de Martinique, de la Réunion, de Mayotte, de Kanaky…
– Nous appelons à se joindre à la manifestation appelée par le Ministère de la régularisation de tous les sans-papiers à Paris vendredi 18 janvier à 14H30 à République.
Mouvement « Faut-il mourir pour avoir des papiers »
Emergence, Brigade Anti-Negrophobie, Droits Devant!, Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI), Parti des Indigènes de la République (PIR), Union des Travailleurs Immigres Tunisiens (UTIT), Femmes plurielles, Sortir du Colonialisme (SDC), CSP59, Fédération des Travailleurs Africains en France (FETAF), Fédération SUD Éducation, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), l’Union syndicale Solidaires, comité de soutien marseillais aux grévistes sans papiers Lillois, Collectif de soutien au sans-papiers de Figeac, La Marmite aux Idées (Calais), les Amoureux au ban public, FSU 59/62, Fédération du Nord du Mouvement des Jeunes Communistes, Coordination Rhône-Alpes de soutien aux sans papiers, Centre d’Information Inter-Peuples (Grenoble), 9ème Collectif, Ministère de la Régularisation de Tous les Sans-Papiers, Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT), CSP75, CSP92, CSP93, CSP 95, Association des Marocains en France (AMF), Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF), Fédération Tunisienne pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), UNI*T (Union pour la Tunisie), Front Uni des Immigrations et Quartiers Populaires (FUIQP), Fédération des Associations de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés (FASTI), Union Juive Française pour la Paix (UJFP), Collectif de Musulmans de France (CMF), Fédération pour une Alternative Sociale et Écologique (FASE), Gauche Anticapitaliste (GA), Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Ras l’Front Isère, Force Citoyenne Populaire (FCP), Les Alternatifs, Forum Gardois des Migrants, Alternative Libertaire, DNSI 37, l’association ALTER EGAUX (Laval), L’organisation OCML Voie-Prolétarienne/ Journal Partisan, Fédération des Syndicats SUD Etudiant, Fédération Syndicale Etudiante (FSE), Les indivisibles, Collectif de vigilance Paris 12 pour les droits des étrangers-RESF, Collectif Drôme-Ardèche de Solidarité avec les sans papiers et les sans droits, L’association de solidarité en Essonne aux familles Roumaines , Roms réseaux Romeurope (ASEFRR), Collectif 37 des Travailleurs Sans Papiers, Comité de soutien au Collectif TSP 37, Association Chrétiens-Migrants 37, CTSP Vitry, Attac 69, Gauche Unitaire/ Front Gauche 69, LDH-Rhône, NPA 69, UJFP69, JCML69, Le Collectif « D’ailleurs nous sommes d’ici » : ATMF 67, Attac Strasbourg, FSU 67, MRAP Strasbourg, NPA 67, PCF 67, GA 67, GU 67, Fédération Droit Au Logement (DAL),….
La Coordination des Sans-papiers 75(CSP75) et la Coalition Internationale des Sans-papiers et Migrants (CISPM) appellent à manifester à Paris vendredi 4 janvier 2013 afin de sonner l’alarme pour les grévistes de la faim de la CSP59 de Lille qui mènent depuis 2 mois, désormais au péril de leur vie, un combat rigoureux contre l’aveuglement et l’entêtement du Ministre de l’intérieur et du Préfet de Lille, qui n’ont rien trouvé de mieux parmi les prudentes réponses à leur demande de régularisation, que d’expulser vers l’Algérie deux de
ces grévistes de la faim en état plus que critique. Nous nous insurgeons contre cette politique dite «appliquée avec humanité et fermeté» qui n’est que la poursuite sans courage de la politique d’immigration exclusivement restrictive et répressive du précédent gouvernement.
Nous ne l’acceptons pas, et cela d’autant plus qu’elle vient d’un gouvernement dit de gauche !
C’est pourquoi nous demandons expressément qu’une délégation soit reçue immédiatement au Ministère de l’intérieur pour réclamer le règlement en urgence :
– de la situation des grévistes de la faim de Lille,
– le retour des deux algériens expulsés,
– la régularisation de tous dans les plus brefs délais.
Cette demande de la régularisation pour tous les Sans-papiers et migrants est aussi celle que la CSP75 et la CISPM portent pour l’ensemble des Sans-papiers installés sur le territoire français.
RAPPELONS QUE LA CIRCULAIRE EMINEMMENT RESTRICTIVE DU 28/11/2012
LAISSE DE CÔTE LA MAJEURE PARTIE DES SANS-PAPIERS qui vivent en France depuis 5 ans et souvent depuis beaucoup plus longtemps, qui travaillent, mais dont l’employeur, pour différentes raisons, ne leur établit pas de promesse d’embauche,
qui sont pour la plupart pères de famille mais qui n’ont pas fait venir leurs enfants en France,
Tous sont la proie du travail au noir et pourtant souhaitent en sortir et vivre dignement au grand jour,
enfin régularisés!
POUR LA MANIFESTATION AU MINISTERE DE L’INTERIEUR
Départ vendredi à 14h30 et samedi à 15h
RENDEZ-VOUS: Vendredi 4 Janvier 2013 A 13h Place Johan Strauss
Croisement Bd St Martin/ Rue de Lancry (Métro République)
C’était le slogan scandé par la manifestation de soutien aux grévistes de la faim sans papiers samedi après-midi à Lille.
Une délégation du Bureau national de l’UJFP, de l’ATMF et de la FTCR était présente samedi 29 décembre devant la tente des grévistes de la faim sans papiers.
60 jours de grève, ils étaient 157 à commencer cette grève le 2 novembre dernier. Première victoire, ils obtiennent enfin le rétablissement de l’examen des dossiers avec présentation argumentée : et le 26 décembre ils sont enfin reçus par la préfecture, 9 d’entre eux sont « régularisés », 40 entrent dans le cadre de la demande d’asile, 58 encore aujourd’hui nous regardent avec désespoir et espoir, et nous posent la question : « Faut-il crever pour avoir des Papiers? »
L’évêché de Lille a appelé la police pour les chasser de l’église St-Maurice, La Mairie socialiste de Lille a refusé de fournir des toilettes chimiques pour le campement des grévistes. Sordide détail qui prend tout son sens après 60 jours de grève de la faim quand les grévistes ne peuvent plus se déplacer ou très difficilement. C’est leur dignité d’être humain qui est bafouée.
Le préfet joue le temps et le bras de fer. En attendant, 2 d’entre eux arrêtés par la police devant l’église, relâchés en première instance, ont été condamné hier sur appel du Parquet. Ils ont été expulsés ce matin vers l’Algérie. Le consulat algérien a accordé le laisser passer malgré leur état de santé.
Cette grève terrible est soutenue par le magnifique collectif lillois des sans-papiers, de nombreux collectifs et de nombreuses associations dont les nôtres, de nombreux partis politiques de gauche, à l’exception du PS. Pourtant, lors d’une grève similaire en 2007, le PS présent fustigeait la politique scandaleuse de ses prédécesseurs au pouvoir.
Hier après midi la bise soufflait à Lille, le cortège des manifestants a traversé la ville illuminée pour les fêtes de fin d’année, et crié : Assez l’indifférence! Assez le silence! Solidarité avec les sans papiers! Nous sommes tous des sans-papiers.
L’ATMF, la FTCR et l’UJFP apportent leur solidarité aux grévistes de la faim, soutiennent leurs revendications, condamnent le comportement irresponsable de la Préfecture et les décisions qui mettent chaque jour en danger la vie de ces sans papiers, s’indignent la politique prônée actuellement par M.Valls.
Nous rappelons notre attachement à la régularisation de tous les sans-papiers, à la libre circulation, et à la liberté d’installation partout et pour tous.
ATMF/FTCR/UJFP
Paris, le 30 décembre 2012
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– Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) – 10 rue Affre, 75018 Paris
Tél. 01 42 55 91 82 – Mel: national@atmf.org – Site : http://www.atmf.org
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– Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) – 23 rue du Maroc 75019 Pari
Tél. 01 40 34 18 15 – Mel: contact@citoyensdesdeuxrives.eu – Site : http://www.citoyensdesdeuxrives.eu/
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– Union Juive Française pour la Paix (UJFP) – 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris
Tél. 07 78 38 34 94 – Mel: contact@ujfp.org – Site : http://www.ujfp.org
Devant l’église Saint Maurice à Lille, des sans papiers entament aujourd’hui leur 55e jour de grève de la faim. Ces femmes et ces hommes qui revendiquent leur régularisation n’ont à ce jour obtenu aucune satisfaction.
Une délégation de l’ATMF s’est rendue à Lille pour exprimer le soutien et la solidarité des militantes et militants de l’ATMF avec les revendications légitimes de ces grévistes de la faim. Nous avons relevé en présence des soutiens sur place leur courage et leur détermination, malgré les conditions très difficiles (dormir dehors dans des tentes de fortune devant l’église, la pluie, le froid, l’absence de toilettes …).
Les rencontres des représentants des grévistes de la faim avec la préfecture n’ont pas permis d’aboutir à la moindre solution.
L’ATMF, suite à sa visite, et aussi après avoir pris connaissance du rapport des médecins belges :
· apporte son soutien aux grévistes de la faim.
· est solidaire des revendications des grévistes de la faim et de leurs soutiens.
· condamne le comportement irresponsable de la Préfecture qui met chaque jour en danger la vie de ces sans papiers.
· s’indigne face à l’intransigeance de M. Valls et face au silence des responsables socialistes locaux.
L’ATMF rappelle son attachement à la régularisation de tous les sans-papiers, à la libre circulation, et à la liberté d’installation partout et pour tous.
Un peu plus de six mois après l’élection d’une majorité parlementaire et d’un président de la République a priori supposés moins conservateurs que leurs prédécesseurs, que reste-t-il des espoirs de changements progressistes en matière de politique à l’égard des étrangers ? A dire vrai, le bilan est consternant. Et, sans fortes pressions populaires, il y a fort a parier que, pour l’essentiel, le gouvernement ne modifiera rien ou presque de la réglementation nationale xénophobe peaufinée par la droite au cours des dix dernières années et que, à l’échelle de l’Union européenne, il s’accommode sans sourciller d’une stratégie homicide de fermeture des frontières qui a déjà tué de l’ordre de 13 000 personnes entre 1988 et 2012 dans la seule Méditerranée. De même que l’obsession de « scores » présentés comme flatteurs dans le domaine des expulsions et des enfermements, ces milliers de vies perdues donnent la mesure du cynisme des Etats de l’Europe qui, pour éviter tout partage de leur richesse et de droits fondamentaux en principe moins bafoués qu’ailleurs, mènent désormais une véritable guerre aux migrants, avec les conséquences liées à toute guerre : des milliers de morts et de blessés.
Dans un pareil contexte, la Journée internationale des migrants, ce 18 décembre 2012, peut être l’occasion de secouer l’immobilisme et, à travers l’expression massive d’une indignation contre cette tuerie, exiger des changements enfin fondamentaux des politiques migratoires, à commencer par celle de la France. ?
Défendre le respect de la vie des migrantes et des migrants entraîne, en effet, quantité d’exigences supplémentaires qui, elles, touchent aux conditions d’existence et aux droits de celles et de ceux qui vivent parmi nous :
– les sans-papiers en attente de régularisations à ce points aléatoires qu’elles relèvent de la loterie ;
– les gagnant·e·s à cette loterie après paiement d’une taxe démesurée de près de 700 € héritée de la droite ;
– les familles condamnées à d’interminables séparations ou à des vies d’angoisses et de misère ;
– les femmes, les hommes et les enfants, en instance d’expulsion, qui subissent toujours un régime d’exception sans garantie d’accès à un juge avant leur éloignement ;
– les mineurs isolés étrangers souvent abandonnés à la rue alors que l’aide sociale à l’enfance a l’obligation de les protéger, ainsi que quantité de jeunes majeurs voués, par la même négligence, à rejoindre les rangs des sans-papiers ;
– les malades, auxquels des titres de séjour sont refusés sans considération des conditions de soin dans leur pays d’origine ;
– les demandeurs d’asile éjectés par la « mécanique du soupçon » ;
– toutes celles et tous ceux pour lesquels la non-signature de la Convention pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et de leur famille facilite le déni de certains de leurs droits fondamentaux ;
– les étrangers en situation régulière qui, en dépit d’une promesse de plus de trente ans, demeurent loin d’obtenir le droit de voter là où ils résident ;
– les personnes naturalisées et leurs enfants qui, en dépit de leur qualité de Français, subissent quantité de discriminations légitimées par le soupçon qui caractérise l’ensemble de la politique migratoire ;
– les milliers de Françaises, de Français, d’étrangères et d’étrangers parfaitement réguliers que la couleur de leur peau ou leur « faciès » expose à des violences et à des contrôles discriminatoires incessants auxquels le ministre de l’intérieur n’entend pas mettre fin ;
– celles et ceux que leur religion désigne, plus que jamais, à la vindicte publique, quelle que soit leur nationalité ;
– les Rroms d’Europe que la France traite comme des non-Européens, et les Roms français, que le démantèlement de leurs camps et l’absence de toute politique d’insertion stigmatisent comme indésirables ;
– et puis tous ces migrants et migrantes sur la route de l’exil, que des contrôles policiers aux frontières de Europe et toujours plus loin de son territoire, par le biais d’accords de sous-traitance avec des Etats tiers, condamnent à risquer jusqu’à leur vie.
Ces discriminations et ces violences forment un tout, que la Journée internationale des migrants doit contribuer à combattre. Elle peut être l’occasion d’un appel déterminé et massif à des réformes en profondeur soucieuses d’une égalité des droits effective et fondée sur le respect d’une liberté de circulation sans laquelle elle sera illusoire.
Pour ce changement de regard sur l’immigration et pour ces réformes urgentes…
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Paris le 18 décembre 2012
Rendez-vous avec vos lumières (lampes, lampions, torches, flambeaux, etc)
au métro Belleville à 18h30 pour une manifestation en direction de l’église Saint-Bernard !
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Premiers signataires :
Associations
– Acort (Assemblée citoyenne des originaires de Turquie)
– ADTF (Association démocratique des Tunisiens en France)
– ATMF (Association des travailleurs maghrébins de France)
– Association des Marocains de France (AMF)
– Attac France (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne)
– Collectif de vigilance Paris 12 pour les droits des étrangers
– Droits Devant !!
– Les efFRONTé-e-s
– Émancipation, tendance intersyndicale
– Fasti (Fédération des associations de solidarité avec les travailleur.euse.s immigré.e.s)
– Femmes Egalité
– Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s)
– Mouvement du Christianisme Social
– Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples)
– RCI (Réseau Chrétien Immigrés)
– RESF (Réseau Education sans frontières
– Ucij (Uni/e/s contre une immigration jetable)
Organisations syndicales
– Fédération SUD Education
– Union syndicale Solidaires
Formations politiques
– Les Alternatifs
– Convergences et Alternatives
– FASE (Fédération pour une Alternative sociale et écologique)
– Front de Gauche
– Gauche anticapitaliste
– Gauche unitaire
– NPA (Nouveau parti anticapitaliste)
– PCF (Parti communiste français)
– PCOF (Parti communiste des ouvriers de France)
– Parti de Gauche
– République et Socialisme
Dans quelques jours au Sénat va se jouer une bataille décisive pour mettre fin aux taxes injustes qui frappent des milliers de personnes étrangères.
Aujourd’hui, la délivrance d’un premier titre de séjour peut coûter plus de 700 euros. Ce montant est exorbitant, surtout pour des personnes en situation de grande précarité et qui ne souhaitent qu’une chose : régulariser leur situation administrative pour ne pas enfreindre la loi. Il représente un handicap et un frein puissant à l’insertion, en faisant peser sur les personnes les plus précaires, car tout juste régularisées, une somme démesurée par rapport à leurs revenus.
Dans nos permanences, il est devenu très fréquent de rencontrer des gens qui ne peuvent pas payer ces sommes. Ces personnes n’ont souvent d’autre solution que d’emprunter de l’argent auprès de leurs proches, ou de faire appel aux associations caritatives ou aux centres communaux d’action sociale ; il est anormal, injuste et contre-productif que ce soit les étrangers nouvellement arrivés, en situation sociale précaire ou fragile, les associations ou les services sociaux qui soient ainsi chargés de financer la politique d’intégration.
Cette situation résulte de la loi de finances pour 2012 qui, en plus d’augmenter le montant des taxes dues par les personnes étrangères vivant en France, a introduit le principe du paiement de 110 euros au moment de la demande de titre de séjour, non remboursable en cas de rejet de la demande. Il s’agit d’un véritable droit d’entrée dans la procédure, inédit jusqu’alors.
Des sénateurs ont tenté de mettre fin à ces injustices lors de l’examen du projet de loi de finances rectificative pour 2012 en juillet dernier mais le ministre du Budget leur a demandé de retirer leurs amendements, s’engageant à ce que la question soit réglée par la loi de finances pour 2013.
Ce moment est venu.
Or, le projet de loi de finances pour 2013 voté par l’Assemblée nationale est largement insuffisant :
– il propose de baisser de 105 euros le montant de la taxe OFII due au moment de la première délivrance d’un titre de séjour ;
– et un amendement voté par les députés diminue de 60 euros la part du droit de visa de régularisation à acquitter au moment de la demande de titre de séjour. Mais le montant global de cette taxe, de 340 euros, reste inchangé, son paiement n’ayant été que décalé dans le temps.
Le ministre du Budget a affirmé devant l’Assemblée nationale que le gouvernement diminuait d’un tiers les taxes dues par les étrangers au moment de la première demande. Pourtant, au final, la délivrance d’un premier titre de séjour peut coûter aujourd’hui plus de 700 euros, et l’actuelle rédaction du projet de loi de finances 2013 ne conduit qu’à une réduction de 105 euros.
C’est pourquoi nos associations demandent au gouvernement et aux sénateurs :
– La suppression définitive du principe du paiement d’une taxe au moment de la demande de titre de séjour ;
– Une baisse significative des taxes ni raisonnables, ni justes, exigées des personnes étrangères vivant en France.
Le 13 novembre 2012
Premiers signataires :
ACORT, Act Up-Paris, l’AFVS, AIDES, AMF, ARCAT, l’association démocratique des Tunisiens en France, ATD Quart Monde, ATMF, ATTAC, le CATRED, la Cimade, le Comede, le COVIAM, Créteil Solidarité, la FASTI, la Fédération de l’Entraide Protestante, la Fédération SUD Education, Femmes Egalité, la FTCR, le GISTI, la LDH, le MRAP, le RAJFIRE, le Réseau chrétien–Immigrés, RESF, Solidarité Sida, le Syndicat de la Médecine Générale, l’Union syndicale Solidaires
Avec le soutien des partis :
les Alternatifs, la FASE, la Gauche anticapitaliste, le NPA, le Parti de Gauche, le PCOF
16éme anniversaire du coup de hache contre la porte de l’église St
Bernard à Paris
Manifestation unitaire
14h30, République, église St Bernard
Samedi 1er septembre 2012
Le 23 août 1996, 300 personnes, des femmes, des hommes et des enfants, « sans papiers », étaient délogés de l’église Saint Bernard à Paris, à coups de hache et de gaz lacrymogènes. En réaction, 30 000 manifestants défilent pour dénoncer la politique du gouvernement et les lois Pasqua.
Grâce à cette mobilisation, une vague de régularisation a eu lieu sous le ministère Chevénement.
Mais le problème est resté entier. Les travailleurs sans-papiers ont continué d’être surexploités par le patronat, intéressé à la déréglementation du marché du travail comme à contourner, par exemple, les interdictions liées au plomb et/ou à l’amiante. Grâce à cette mise en concurrence avec les autres travailleurs, le patronat cherche à tirer les conditions de travail et de salaire de l’ensemble vers le bas. Et cela avec la complaisance des gouvernements qui se sont succédé.
Dans la dernière période, la politique dite de « lutte contre l’immigration irrégulière » s’est soldée par des lois de plus en plus restrictives, des politiques de « chasse à l’étranger », des chiffres et quotas arbitraires d’expulsions, des conditions de travail et de salaires de plus en plus dégradées. En prime les travailleurs sans papiers ont été désignés comme « bouc-émissaires » des fléaux sociaux que sont le chômage, et plus généralement les étrangers, comme responsables de l’insécurité, la délinquance et de la toxicomanie.
En réaction les « sans papiers », les travailleurs-euses sans papiers, avec les organisations syndicales, les associations de défense des droits humains et les Collectifs de sans papiers ont résisté par des grèves massives, des occupations, des manifestations et des marches, etc.
La majorité des électeurs a sanctionné la politique répressive de N.Sarkozy et de ses gouvernements comme sa reprise des discours qui étaient restés jusqu’ici l’apanage de l’extrême droite raciste et xénophobe.
Le combat continue!
A l’occasion du 16éme anniversaire du honteux coup de hache de Saint Bernard, nous, syndicats, associations et collectifs de sans papiers appelons à manifester partout dans l’unité le samedi 1er septembre 2012 pour :
– La régularisation des sans papiers, qui travaillent d’une façon ou d’une autre.
– La fermeture des centres de rétention administrative (CRA).
– L’arrêt des contrôles au faciès et la mise en œuvre d’un moratoire concernant les expulsions.
– L’égalité de traitement entre Français-es et Etrangers-es dans les études comme au travail.
– Partis politiques :
Alternative Libertaire, Europe Ecologie les Verts, FASE, Parti communiste français, Parti communiste des ouvriers de France, Parti de gauche, UDB…
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Récit de l’évacuation : http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/CAB96044489/evacuation-st-bernard.fr.html#xtor=AL-3
« Les forces de police sont intervenues ce matin à l’église Saint-Bernard. Environ un millier de gendarmes mobiles et de CRS ont forcé, vers 7H45, la porte de l’église pour s’emparer des sans papiers… »
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