Si le vieillissement en France et en Europe figure parmi les grandes préoccupations économiques, sociales, démographiques, il y a peu de choses dites sur le vieillissement de l’immigration.
Arrivés massivement, en France dans les années 1950-1970 pour participer à la reconstruction de la France, ces immigrés ont eux aussi vieilli, au grand étonnement de la société d’accueil. Le débat sur l’intégration et leurs descendants a largement pris le dessus, et le sort des immigrés âgés intéresse tardivement les institutions.
Depuis plus de deux décennies, une nouvelle étape s’effectue dans leurs parcours de vie : le passage de la vie professionnelle à la retraite. Ces dernières années, cette population commence à sortir de l’ombre avec le souci et les difficultés rencontrées au quotidien.
Comment ne pas s’arrêter sur le cas singulier de ces centaines de milliers de travailleurs pour lesquels le moment de la retraite c’est une nouvelle étape et parcours du combattant. Et qui avec la loi sur la retraite, vont voir s’aggraver une situation déjà cruellement injuste. Beaucoup de ces derniers ayant eu des vies professionnelles chaotiques car entrés tard sur le marché du travail français, bien moins rémunérés pour des emplois souvent non « déclarés », n’ont pas toujours pu reconstituer leur carrière.
Un grand nombre d’entre eux ayant occupé les emplois les plus pénibles, ont connu de façon précoce des problèmes de santé liés lié aux conditions du travail et de séjour. Combien d’entre eux, victimes d’accidents du travail ou de pathologies cancérigènes non reconnus du fait de patrons escrocs n’ayant jamais versé les cotisations d’assurance, du fait d’une méconnaissance de leurs droits, aux prises avec une législation tatillonne qui ne leur fait aucun cadeau ou enfin ayant été jetés à la rue dans la plus grande des précarités, n’atteindront jamais cet âge rêvé qui aurait dû être pour eux celui du retour au pays ou d’un repos bien mérité.
Ces travailleurs immigrés sont usés, d’autant plus que c’est eux les premiers qui ont été touché par le chômage de longue durée du fait de la suppression massive des emplois industriels dans les années quatre vingt. Un grand nombre d’entre eux pour lesquels le taux plein reste une chimère, solliciteront le minimum vieillesse, l’ASPA. Une sorte de RMI pour vieux travailleurs ayant cotisé insuffisamment. Et se trouveront alors confrontés à un autre problème.
Non seulement, ils ne peuvent bénéficier de la retraite qu’à l’âge de 65 ans mais de plus pour y prétendre ils se voient imposer une véritable assignation à résidence. En effet parmi les conditions d’obtention, il y a l’obligation de résider plus de six mois de l’année en France. Et donc de pouvoir y payer un loyer. Comment faire lorsque placés en porte à faux entre le pays d’origine et la France, entre le désir de revoir sa famille au pays et celui de conserver ses habitudes dans le pays d’accueil, on est aussi confronté à l’impératif de ne pas perdre ses droits, notamment aux soins médicaux ? Disons-le, la réforme du régime des retraites aboutit à ne laisser aucun répit à des hommes et des femmes usés prématurément, subissant l’épreuve de l’exil alors qu’ils n’aspirent qu’à vivre dans la quiétude après avoir donné les meilleures années de leur vie à un pays, à une société qui bien souvent en retour pas ou peu de reconnaissance.
Nous vous invitons à un débat échange sur le vieillissement de l’immigration et l’accès aux droits sociaux avec
Ali ELBAZ : coordinateur de l’ATMF national, spécialiste des droits sociaux des populations issues de l’immigration maghrébine
El Hamdani Mostafa : chargé de projet à Calima dans l’accompagnement et l’accès aux droits des personnes âgées issues de l’immigration maghrébine
Le vendredi 17 décembre 2010 de 15 à 17 heures
à l’association Eveil Meinau
8, rue Baggersee 67100 Strasbourg
En partenariat avec les associations :
Eveil Meinau – Association culturelle maghrébine du Neuhof – Association Culturelle maghrébine de la montagne Verte – Nadi Chaabi – Sens Positif –