Un véritable vent de révolte souffle sur le bassin minier de Gafsa (notamment dans les villages de Redeyef, Métlaoui et Oum Lârayes…)
Depuis le 5 janvier 2008 l’ensemble de la région est en ébullition. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est un concours organisé par le principal employeur dans la région (la Compagnie des Phosphates de Gafsa) dont les résultats étaient entachés de fraudes évidentes, de favoritisme et de népotisme.
Aussitôt connues, ces magouilles ont fait descendre les laissés-pour-compte dans la rue en signe de protestation. Rapidement, ces manifestations se sont transformées en une contestation générale de l’injustice sociale flagrante résultant de la politique économique de l’Etat tunisien.
Femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, diplômés et sans diplômes, travailleurs et chômeurs, syndicalistes, enseignants, agriculteurs se sont retrouvés unis pour occuper la rue. Les veuves de mineurs (décédés suite à des maladies professionnelles non indemnisées) sans ressources ont entamé des grèves de la faim. Des familles entières de déshérités ont dressé des tentes à proximité des institutions locales représentatives de l’Etat pour y camper jour et nuit afin d’exprimer leur raz-le-bol et leur désespoir.
Le bassin minier de Gafsa est, depuis 20 ans, en proie à une misère insupportable. Il n’est que de comparer les chiffres officiels du taux de chômage national (14,1%), avec celui de Oum Lârayes (38,5%), Lemdhilla (28,4%), Essand (28%) ou Redeyef (26,7%) pour s’en rendre compte. Des milliers de familles, y vivent, en effet, largement en dessous du seuil de la pauvreté. Ils ne disposent d’aucun revenu, d’aucune couverture sociale, d’aucune aide de quelque nature que ce soit de l’Etat. Lequel ne cesse, cependant, de se targuer de ses prétendues prouesses économiques.
En mettant à nu cette situation économique, sociale et écologique catastrophique, les déshérités de Gafsa ont par là même apporté un cinglant démenti à la propagande officielle concernant les « forts » taux de croissance et « l’absence de misère en Tunisie » ! Le tout par des moyens de contestation pacifiques dénués du moindre débordement pouvant justifier une intervention musclée des « forces de l’ordre ».
Après des tentatives avortées d’étouffement du mouvement, les autorités ont engagé un simulacre de négociations avec la délégation des grévistes (plusieurs ministres se sont rendus sur place) sans proposer la moindre solution concrète à leurs problèmes urgents et vitaux.
Des informations concordantes confirment une présence policière et militaire plus qu’inquiétante autour des principaux villages du bassin minier. Le pire est donc à craindre !
Un appel de détresse a été lancé par la population mobilisée à Redeyef afin que tous les citoyens épris de justice et d’égalité se rendent dans la région lundi 3 mars, date butoir de la fin des « négociations ».
Le 27 février 2008 une réunion d’information/solidarité regroupant des associatifs, des militants et des représentants des partis d’opposition à Paris, s’est tenue au siège de la FTCR. Les participants ont constitué un comité de suivi, d’information et de soutien qui demeure ouvert à tous ceux et toutes celles qui souhaitent y prendre part. Des actions d’information, de soutien et de « lobbying » médiatique à l’échelle nationale et internationale ont été décidés.
Ce comité exprime, d’ores et déjà, son entière et indéfectible solidarité avec les populations du Bassin minier ;
Il reprend à son compte les exigences légitimes des intéressés, et notamment :
* l’annulation des résultats frauduleux du Concours de recrutement de la CPG, et la mise en place d’un dispositif permettant l’embauche des plus nécessiteux
* mettre en place un programme d’embauche des diplômés sans emploi
* l’implication de l’Etat dans la création de grands projets industriels permettant de résorber le plus grand nombre de chômeurs ;
* conformation de la CPG au droit international relatif au respect de l’environnement ;
* garantir aux déshérités les services publics minimums tels que l’électricité, l’eau courante, etc.
Le Comité de Soutien aux Habitants du Bassin Minier de Gafsa (Paris) met en garde le régime tunisien contre tout recours aux « solutions sécuritaires », et le tient pour responsable de toute dégradation violente de la situation.
Il lance un appel urgent aux personnes, associations et organisations (nationales et internationales) de défense des droits de l’homme et de l’environnement à se rassembler autour des déshérités de Gafsa et à leur manifester massivement soutien et solidarité.
Paris, le 28 février 2008
Comité de Soutien aux Habitants du Bassin Minier de Gafsa
C/o FTCR, 3 rue de Nantes 75011 Paris –
Courriel : bassin.minier@yahoo.fr